5645 - 21/11/19 - Franck SIMONNET - 676 km - homologué

Franck a écrit:Une belle traversée Sud / Nord (Montauban / Saint-Quentin).
-1°C au décollage.
A quelques minutes près, la durée du vol est celle du jour ! Vivement que les journées rallongent.

Après nous avoir fait Est-Ouest, voilà que tu nous fais Nord-Sud .
J'espère que ce coup-ci tu vas nous faire un article dans PM+ .

C'est des vols de dingue tout ça, je suis en admiration!
Encore un "petit" vol de 298 km d'ici la fin de l'année et tu passes 1er!

Au lever, la principale inconnue était la pluie. Conformément aux prévisions, il pleut déjà sur le littoral Atlantique, puis les nuages menaçants devraient remonter vers le Nord Est, une trajectoire plus ou moins parallèle à la mienne. J’estime que si je ne suis pas mouillé avant Limoges, je devrais être épargné pour la suite. Sinon, il faudra se poser prématurément.
Pendant la plus grande partie de la journée, je surveillerai du coin de l’œil les stratus sur ma gauche. Et je resterai à l’ombre de nuages d’altitude sans jamais atteindre les zones ensoleillées qui se déroberont continuellement devant moi.
J’ai déjà volé à certains endroits tout au long du parcours, c’est un voyage à la fois kilométrique et mémoriel. Les soixante premiers kilomètres sont une découverte. Au passage de la Vallée du Lot, je cherche le village de Saint-Cirq-Lapopie (km 61), l’un des plus beaux villages de France. Mais le brouillard le dissimule.
Je connais les soixante-dix prochains kilomètres. Je repère la base ULM de Montfaucon, et me détourne légèrement pour survoler Rocamadour (km 96), autant joindre l’utile à l’agréable. Des souvenirs de vols avec les copains en 2010 et 2018 me reviennent en mémoire.
À l’Est de Brive-la-Gaillarde, j’aperçois Collonges-la-Rouge, autre fameux village. Puis, la base ULM de Lagleygeolle (km 127), perchée dans les collines. Les deux cent vingt kilomètres suivants me sont inconnus.
La traversée du plateau de Millevaches est inédite. Le dôme des plus hautes collines est saupoudré des premières neiges. Au deux centième kilomètre, la silhouette du Puy-de-Dôme se détache au loin sur ma droite. Les reliefs s’amenuisent et la plaine s’étend désormais devant moi. Je croise l’itinéraire de septembre (Royan/Strasbourg).
Au Sud de Bourges, je reçois quelques gouttes de pluie. Je suis prêt à tout moment à bifurquer vers l’est pour m’en éloigner. En jetant un œil derrière moi, j’aperçois un rideau de pluie qui me suit à bonne distance. Finalement, ces rares gouttes auront été la seule alerte.
Après le passage de Bourges (km 358), et aussi curieux que cela puisse paraître, je connais plus ou moins les trois cents kilomètres à venir pour avoir déjà maintes fois sillonné le ciel plus au nord.
Les panaches de condensation des centrales nucléaires le long de la Loire se distinguent de loin. Je vise entre celles de Dampierre et Belleville. Au franchissement de la Loire (km 420), je revois le champ où lors d’une sortie nous nous étions posés avec des amis pour un bivouac.
Une fois en Seine-et-Marne, je suis comme à la maison. Je ne peux manquer le passage à Provins avec sa cité médiévale d’où se détachent la Tour César et la Collégiale (km 540). Je passe à moins de dix kilomètres de mon domicile (km 565), mais il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.
À l’approche de Soissons, un pilote m’envoie un SMS pensant que je vais atterrir à l’aérodrome au sud-ouest de la ville (km 625). Je n’y avais pas pensé une seule seconde, il reste cinquante minutes avant la nuit aéronautique.

Pour quelques minutes, la durée du vol est équivalente à celle du jour. Vivement que les journées rallongent que je puisse utiliser jusqu’à la dernière goutte du réservoir…

Bravo Franck pour le challenge, la recherche du créneau et sa réalisation, joli récit!